Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
François Baucher
7 décembre 2011

Mains sans jambe, jambes sans main (« Dressage

baucher-selfportrait

Mains sans jambe, jambes sans main (« Dressage méthodique du cheval de selle »)

« On doit appliquer dès le commencement le principe : jambes sans main, mains sans jambe ».

Le respect de cette formule lumineuse permet d’éviter que des interventions simultanées et contradictoires ne viennent à émousser la sensibilité du cheval aux mains et aux jambes du cavalier, à entamer sa confiance envers l’homme. A côté de cette rigueur, pleine de sagesse et de délicatesse, qui prescrit l’emploi alterné des aides propulsives et rétropropulsives, Baucher donne une place importante à « l’effet d’ensemble ». Fidèle aux derniers enseignements de son maître, le général F.de Kerbrech nous dit à ce sujet : « il devient possible au cavalier d’enfermer, d’emprisonner son élève quand il est nécessaire, entre le mors et les éperons, de façon à étouffer dans son germe, toute tentative de défense : en rapprochant du corps la main de bride et en fermant les jambes jusqu’à un appui franc, continu et énergique des deux éperons, on produit ce qu’on appelle l’effet d’ensemble sur l’éperon » … « L’animal s’aperçoit  vite qu’il lui est impossible de résister. Le sentiment de son impuissance l’amène à renoncer à la lutte. Son moral est dompté  et il se résigne à obéir ».

Voilà, mon général, qui ressemble fort à une mise aux arrêts interrompant un dialogue où le subalterne risquait d’avoir le dernier mot … et qui, malgré le résultat, n’implique en rien que le supérieur hiérarchique, à cours d’arguments, ait raison !

L’effet d’ensemble est une arme redoutable et à double tranchant ; le bauchérisme lui-même en donne quelques preuves.  Le principe : mains sans jambe et jambes sans main, a été énoncé par Baucher dans le but de palier les méfaits de l’application que faisaient ses élèves de l’effet d’ensemble, conçu antérieurement.   L’écuyer exceptionnel que fut Etienne Beudant, signala à sa manière les dangers de l’effet d’ensemble, affirmant avec modestie qu’il ne se jugeait pas assez adroit pour l’employer… propos révélateurs dans la bouche d’un cavalier aussi talentueux , et qu’on ne peut taxer de trahison envers le bauchérisme !

Enfin, le terme d’ »effet » semble indiquer que le procédé est infaillible, qu’il coule de source et s’impose de lui-même. Quand on constate que bien des défenses sont précisément causées par un emploi contradictoire des aides, on peut penser que le terme préjuge du résultat, et que le cheval ne se rend à ces « actions d’ensemble » que par un conditionnement progressif. Dans la terminologie bauchériste, come au plan des moyens appliqués à leur obtention, « rassembler » et « effet d’ensemble » se distinguent assez mal. Citons encore le général : « Pour demander le rassembler, se mettre d’abord sur la piste. Etant arrêté, placer son cheval bien droit et le rendre léger ; puis vibration altérenée des deux jambes, en retenant doucement de la main ». Précision de l’auteur quant à l’emploi de l’effet d’ensemble dans l’étude du rassembler : « Lorsque après le rassembler, on arrêt par un effet d’ensemble, il est préférable que les jambes du cheval ne restent pas engagées sous la masse. L’effet d’ensemble doit rétablir le ramener et redonner à l’animal ses lignes normales d’aplomb ». Il y a de quoi dérouter les plus fervents ! Comment concevoir en effet, que par des interventions accrues  des jambes, le cheval doit annuler l’engagement des postérieurs, réclamé dans l’instant qui précédait ? Le cheval aurait-il à comprendre que le cavalier, une fois de plus, condamne une initiative malheureuse ou mâte une rébellion ?

Publicité
Commentaires
François Baucher
Publicité
Archives
Visiteurs
Depuis la création 17 301
Publicité